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Nous décidons de quitter La Paz, son trafic, sa pollution et ses marchés pour nous rendre à Coroico. Une petite ville tranquille à 1 500 m d’altitude comptant 20 000 habitants et où le climat tropical nous attire corps et âme. En réalité, on profite d’avoir un peu plus la forme pour sortir de la capitale et profiter d’un climat plus clément. Pour allier l’utile à l’agréable, on s’est dit qu’un tour de VTT ne nous ferait pas de mal et nous permettra de troquer le bus contre le vélo pour nous rendre à notre prochaine étape. Des dizaines d’agences de voyages proposent leurs services dans le centre de La Paz, pour descendre la « Ruta de la Muerte » en Vélo tout terrain. Notre première aventure sera donc de trouver la bonne agence. Il faut avouer que nous étions excités à l’idée de dévaler une pente d’une cinquantaine de kilomètres. Par contre, nous étions loin de nous imaginer à quel point, la Route de la Mort est finalement aussi amusante que périlleuse.
Du mythe à la réalité, la route de la mort est-elle dangereuse ?

Située à une cinquantaine de kilomètres au nord-est de La Paz, la route de la mort a longtemps été l’une des seules routes existantes pour connecter la région de Las Yungas à la Capitale. Autrement dit, si les habitants voulaient sortir de la région il n’y avait pas trente mille solutions pour rejoindre les plateaux andins.
Jusque dans les années 90, des bus et des petits camions empruntaient cette route quotidiennement. Entre 200 et 300 personnes ont péri chaque année sur cet axe routier. Ceci est principalement dû aux caractéristiques suivantes : la route est très étroite (seuls quelques rares espaces permettent le passage de deux véhicules), les conditions climatiques difficiles limitent la visibilité des conducteurs et fragilisent la route et enfin, le manque de maintenance du chemin.
De ce fait, elle a longtemps eu une très mauvaise réputation, elle s’est vue nommée « La route la plus dangereuse au monde ».
Depuis 2007, la majorité des véhicules passent par une nouvelle route. Celle-ci est sur l’autre versant de la vallée. On peut dire que c’est une route digne de ce nom, puisqu’elle est asphaltée, munie de barrières au niveau des courbes et même des tunnels permettent aux véhicules de circuler en toute sécurité.
Aujourd’hui, est-ce que descendre la route de la mort en VTT reste risqué ?
La fameuse « Death Road », comme l’appellent les touristes et les agences de voyages, est l’ancienne route pour rejoindre Coroico. Elle est empruntée pratiquement uniquement par les touristes en manque d’adrénaline, les motards à leurs risques et périls et les minibus des agences de voyages qui accompagnent les groupes de VTT. Ce qui signifie qu’il est très rare, mais pas impossible, de rencontrer un véhicule en face de soi. Nous avons rencontré 1 voiture qui était l’exception des cas cités précédemment. Ce qui change la donne, en matière de sécurité, puisque le trafic de véhicule est vraiment faible. La route est devenue une attractivité touristique principalement occupée par les cyclistes.
En réalité, le tracé reste le même, mais connaît un taux de mortalité beaucoup moins élevé.
Actuellement le plus courant, ce sont les chutes des cyclistes qui sont souvent sans gravité…Mais on déplore néanmoins des touristes qui ont malheureusement perdus la vie en parcourant les kilomètres cailloutés de cette piste en VTT.
Donc, la réponse est OUI, la route reste dangereuse. Il ne faut pas prendre cette activité à la légère. Au même titre que l’escalade, l’équitation, le VTT en montagne, le rafting, la randonnée en haute montagne et bien d’autres… il y a toujours un risque de blessure. Je dirais que cette activité est plus ou moins risquée selon son profil, même si, tout est possible…
Itinéraire de la route de la mort bolivienne
Retrouvez ci-dessous, l’itinéraire complet depuis La Paz jusqu’à Yolosita en passant bien sûr par la fameuse route de la mort.
La route de la Mort en Bolivie est-elle faite pour moi ?
Les agences à La Paz ne vont pas vous prévenir de la complexité de la route, de son état, ils ne vont pas non plus vous interroger sur votre expérience et votre confiance à vélo… Pour eux, cette excursion est quelque chose d’anodin et ils n’ont sûrement pas envie de faire fuir les touristes en précisant que cela ne convient pas à tout le monde. Si pour les amateurs de VTT la route de la mort n’est pas difficile, pour d’autres, le ressenti peut-être différent.

Vous n’avez jamais fait de vélo de montagne ? Vous doutez de votre aisance à vélo ? Vous pensez que c’est quelque chose à absolument faire ? Vous rêvez de faire cette excursion avant même d’avoir mis les pieds en Bolivie ? Prenez dans tous les cas quelques minutes pour répondre aux questions suivantes, qui vous aideront sûrement à vous décider.
- Êtes-vous à l’aise à vélo ?
L’idée n’est pas de vous demander si vous êtes un as du VTT, mais plutôt de savoir si vous êtes quelqu’un qui aime le biclou et le pratique régulièrement. Plus vous pensez que la bicyclette est votre meilleure amie, plus vous allez gérer pour descendre et allez réellement profiter de cette activité. Vous aurez toutes les chances de votre côté pour kiffer cette expérience et vous en sortir sains et saufs (oui accessoirement ce n’est pas mal !)
- Avez-vous déjà peur ?
Ok, ça peut paraît bizarre dit comme ça. Est-ce que vous avez déjà la frousse ? Enfin sincèrement, est-ce que vous avez envie de descendre en vélo et tenir fermement le guidon pendant 3 heures ? Je veux bien qu’on explore de nouvelles choses pour se surpasser, pour tester de nouvelles activités, mais si vous n’avez pas l’âme d’un aventurier et n’êtes pas très motivé, je ne suis pas certaine que vous allez passer un agréable moment. Réfléchissez-y à deux reprises.
- Souffrez-vous d’acrophobie ?
À quel point avez-vous le vertige ou êtes-vous sensible au vide ? Sachez qu’entre la route et le précipice, il n’y a tout simplement rien. La piste est parfois très étroite, ce n’est pas la majorité du parcours, mais ça arrive. Les personnes qui ont peur du vide peuvent être surprises.
- Est-ce que vous le faites pour vous ?
Vous êtes avec une bande de copains qui meure d’envie de faire la Ruta de la Muerte, mais jusqu’à présent cette activité ne vous avez même pas effleuré l’esprit ? C’est peut-être parce que vous ne le sentez pas ou que vous n’avez pas vraiment envie de le faire. Ne vous forcez pas, sinon vous risquez de (beaucoup) subir cette activité plutôt que de prendre du plaisir.
- Êtes-vous raisonnable ?
Autre question bizarre vous allez me dire. Il faut savoir être raisonnable, à ne pas se lancer dans une course poursuite avec le guide ou encore avec l’un de vos potes. Il faut également se dire qu’il faudra freiner, que vous ne devrez pas vous entêter à être le premier… En gros, mettez de côté votre esprit de compétition et votre orgueil, avant d’enfourcher le vélo.
- Êtes-vous en forme ?
Avez-vous bien digéré l’altitude ? Est-ce que vous souffrez du soroche ? Êtes-vous malade ? Si vous n’êtes pas au top de votre état physique, ce n’est peut-être pas le meilleur moment pour s’essayer à cette activité. Même si, on ne fait que descendre, la virée est tout de même intense pour les novices en VTT. Vos bras, votre concentration et vos jambes seront sollicités pendant 3 heures de courses.
Tout ça pour vous dire que la route de la mort ce n’est pas une simple piste, que l’activité peut ne pas convenir à tout le monde et qu’il vaut mieux s’en rendre compte maintenant qu’une fois sur la route :).
Dévaler la route de la mort en VTT

Il est à peine 7h30 que notre minibus vient nous chercher dans la rue de notre hébergement. Nous avons préparé nos gros sacs à dos, puisque nous ne revenons pas à La Paz. On récupère les autres participants à leurs hébergements, pour ensuite nous diriger vers « la Cumbre ». Nous formons un groupe de 10 personnes, 3 filles et 7 garçons ! Au bout d’une vingtaine de minutes, presque tout le monde s’endort. Nous arrivons à la Cumbre à 4 800 mètres d’altitude au bout d’une petite heure de trajet.
Nous avons de la chance, il n’y a pas de brume à l’horizon et le temps est dégagé ! Les véhicules des agences arrivent petit à petit sur le parking pour décharger les vélos. Nous enfilons les équipements fournis par l’agence : la combinaison, les genouillères, les coudières et le casque. J’ai l’impression d’être une super héroïne ou bien une enfant à qui ça fait rire de se déguiser et de ne pas pouvoir reconnaître les autres.
Notre guide, Javier, nous fait un briefing en anglais sur le déroulement de la matinée. Il nous explique également que nous ferons des pauses régulières, il sera notre photographe en chef de cette excursion. On s’empare de nos VTT pour bien régler la selle et tester les freins. Le mien avait la roue de devant complètement voilée. J’ai pu échanger le vélo pour un autre.

Avec Tim, on repère les couleurs de nos casques pour qu’on puisse se reconnaître facilement pendant la descente. Un guide se met en tête tandis qu’un autre ferme le groupe. Nous sommes suivis par la camionnette qui peut à tout moment nous accueillir en cas de soucis.

Nous entamons notre descente sur une route parfaitement lisse aux belles courbes sur 22 kilomètres. Pendant cette première heure, je rentre les coudes, je mets la tête dans le guidon en espérant avoir une position aérodynamique et gagner plus de vitesse, tel un cycliste du Tour de France. Nous n’avons qu’une vitesse sur le vélo afin de limiter les déraillements, ce qui est parfait en descente, mais un peu limité pour accélérer davantage. À moins de mouliner comme une dingue, bien évidemment, c’est ce que j’ai fait.
Nous prenons en main nos vélos, durant une vingtaine de kilomètres, tout en prenant garde aux véhicules, car sur cette portion il y a du trafic. La route commence à devenir plate, il est prévu de remonter dans le mini-van et d’embarquer les vélos pour nous déposer au début de la « vraie » Route de la mort. En attendant, on réajuste notre équipement et nous dévorons notre snack un tantinet léger.
8 kilomètres plus tard, nous arrivons enfin sur la route de la Mort ou plutôt « la Piste de la mort », parce que non seulement elle n’est pas bitumée, mais aussi parce qu’elle peine à accueillir deux véhicules à la fois.
La piste toute cabossée met à l’épreuve nos bras et nos mains pour bien maintenir le guidon de notre vélo. Au bout de quelques minutes, chacun prend son rythme, nous gardons de l’espace entre chaque vélo. J’appréhendais un peu le fait qu’on soit collés entre participants du même groupe et les autres touristes. Mais, pas de soucis à ce niveau-là. L’une des participantes ne semble pas être confiante sur la piste, elle préfère arrêter sa descente pour monter dans la camionnette. Je me situe au milieu du groupe, je vois Tim qui semble faire sa promenade du dimanche et caracole en tête du peloton. Tout le monde se débrouille bien, le guide s’arrête de temps à autre pour se poser et nous prendre en photo pendant le parcours. Je ne sais pas si notre guide préfère prendre les photos ou nous guider, il fallait voir comment il adorait ça.
Ne prenez pas votre appareil photo, ni en bandoulière ni dans un sac à dos !
On vous déconseille d’embarquer votre appareil photo avec vous. Tout simplement pour la bonne raison que n’aurez pas le temps de l’utiliser. On fait évidemment plusieurs pauses sur la route, mais ces laps de temps ne permettent pas d’enlever son équipement, puis de remettre son matos en place et de faire les photos. Et puis sans oublier le risque de chute et le fait qu’on passe plusieurs fois sous des ruissellements d’eau ! Ça serait bien dommage de casser son appareil photo pour ça… Si vous avez une GoPro, c’est l’occasion de la sortir et la fixer sur le casque !


La végétation est changeante, le parcours est superbe, tout défile très rapidement sous nos yeux. Il faut avouer que ce n’est pas la meilleure façon de profiter du paysage, c’est davantage une activité qui fait vibrer et donne une bonne dose d’adrénaline.
Notre guide / agent artistique / photographe s’arrête aussi pour nous signaler des dos-d’âne sur la route. Plusieurs bosses se situent sur toute la largeur de la route, avec la vitesse à laquelle nous circulons, ses indications n’étaient pas inutiles ! J’ai trouvé ça TOP de nous prévenir des éventuels obstacles sur la route, il nous donnait aussi des consignes pendant nos courtes pauses, sur les gros trous que nous aurons à éviter, les passages délicats au niveau des cascades, des courbes très serrées. Malgré ces recommandations, la chute est parfois inévitable. L’un des plus rapides du groupe a fait une pirouette à cause d’une bosse et d’un freinage un poil tardif. Il a gagné un gros bleu autour du genou et il a préféré monter dans la camionnette. Heureusement le casque et la combinaison étaient là pour le protéger et d’éviter de se blesser gravement.
On marque une pause pour boire une boisson gazeuse et un biscuit au niveau d’une maisonnette. Pour ceux qui ont envie de plus de sensations fortes, comme si, la route de la mort n’était pas suffisante, une tyrolienne a été installée sur le parcours. Une petite activité qui est en supplément. On passe notre tour, on préféra regarder ceux qui veulent se jeter dans le vide en zipline.
Nous arrivons sur la dernière partie de la piste, avec quelques portions plates, ne bénéficiant plus du courant d’air de la descente, on se rend rapidement compte que la température a monté de plus de 10-15°C.
Nous arrivons à Yolosita à 1 100 m d’altitude ! Nous étions heureux d’arriver sans accros et enfin lâcher le guidon et les freins pour décontracter nos petits bras. Wow ! Nous réalisons que nous avons réussi cette descente avec succès.
On se débarrasse de nos combinaisons, notre euphorie se transforme progressivement en une grosse fatigue. On a besoin de recharger nos batteries, nous partons une demi-heure plus tard en direction d’un hôtel pour déjeuner. Un buffet au TOP nous attend, avec une petite piscine et ses transats. Nous n’avons malheureusement pas pu en profiter bien longtemps, il s’est mis à pleuvoir.
Il est 16h30 passé, il est temps de remonter dans le mini-van pour regagner La Paz. Nous avions convenu avec le chauffeur de nous laisser à Yolosita pour ensuite prendre un taxi (10BOB) qui nous montera à Coroico.
C’était la première fois que nous réalisions une activité de ce type, je dois dire que ça nous a bien plu et nous avons pris beaucoup de plaisir à dévaler la route de la mort. Au début, j’étais morte de rire ! Oui comme dans les manèges ! Lorsque la route était plus complexe, cela m’a demandé beaucoup de concentration, surtout après avoir vu l’un des gars se vautrer… Je me suis rendu compte qu’il fallait bien maîtriser son vélo, car un accident peut se produire très rapidement et le précipice n’est pas loin.
Êtes-vous prêts à dévaler la Route de la Mort ?
Nos conseils pratiques
Quelle agence de tourisme faut-il choisir ?
Nous avons fait le tour des agences à La Paz, la plupart d’entre elles se situent sur la rue Sagarnaga.
Elles vendent toutes le même produit, c’est-à-dire, la descente de la Route de la Mort en VTT + snacks + déjeuner. Néanmoins, il existe plusieurs nuances que vous devrez aborder et vérifier auprès des agences :
- Les types de VTT proposés : le VTT avec des suspensions à l’avant, le VTT à double suspension et le VTT à double suspension + freins hydrauliques.
- Le nombre de guides par groupe: il faut privilégier 1 guide pour 5 personnes.
- Le guide doit disposer d’un talkie-walkie pour communiquer avec le chauffeur en cas d’urgence.
- Kit des premiers secours disponibles avec le guide.
- Le prêt de la combinaison (haut + pantalon) et des équipements de sécurité (casque, gants, genouillères et coudières).
- Certains restaurants ne disposent pas de piscine et d’autres sont situés près d’une rivière (peu profonde).
- Pour les gourmands comme nous, notez s’ils proposent un buffet ou un plat unique.
- Un T-shirt très élégant… stipulant que vous avez survécu à la Route de la Mort J + CD des photographies de la journée
- Voir si ça ne pose pas de problème d’emporter vos gros sacs à dos si vous décidez, comme nous, d’aller ensuite à Coroico pour continuer le voyage.
Nous avons choisi Space Biking, le guide était pro, enjoué et patient. Très dévoué pour les photos 😀
Combien coûte la route de la mort avec une agence ?
Nous avons dépensé 350 bolivianos par personne soit 45€. Nous avons choisi le VTT avec les suspensions à l’avant et à l’arrière. Le type de VTT fait varier le prix. Il faut compter 400 – 450 BOB pour les VTT doubles suspensions + freins hydrauliques. Les freins hydrauliques permettent surtout de ne pas serrer les doigts comme un dingue. Ceux avec seulement une fourche avec suspension sont moins chers, mais vous aurez (très) mal aux fesses. 🙂
En supplément, il faut compter une taxe de 3€/personne dont il faut s’acquitter sur la route de la mort.
Où dormir à La Paz ?
Le tour classique vous ramène à La Paz. Vous pouvez rester une nuit supplémentaire dans votre hébergement ou bien filer vers votre prochaine étape. Tout en sachant que vous arriverez autour de 19h30 à La Paz
Voir les hébergements à La Paz
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Salut,
Les photos sont magnifiques, mais ça fait peur quand même ! La première image donne des frissons en pensant que vous avez fait du VTT sur la route qui se trouve en arrière-plan dans la photographie ! Franchement, chapeau !
Bonjour Cécile,
Merci !! Ce n’est pas évident de faire quelques clichés sur la route.
Je te confirme que ça donne carrément des frissons et beaucoup de courbatures !!