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Nous accueillions le témoignage de Louise, jeune femme de 29 ans, qui a voulu exercer son métier au-delà des frontières françaises. Bibliothécaire depuis plus de 4 ans en France, la découverte d’autres cultures l’a titillée et l’envie de mettre à profit ses compétences l’a poussée à rejoindre l’association Biblioworks. Elle nous explique son quotidien en tant que Bibliothécaire à Sucre et membre actif du bureau régional de l’association.
Est-ce que tu peux te présenter ?

Ma participation à un événement Biblioworks
Je m’appelle Louise, j’ai 29 ans et (presque) pas honte de dire que je suis bibliothécaire ! Avant mon départ, j’ai travaillé 4 ans pour les bibliothèques de Bordeaux et la fin de mon contrat approchant j’ai commencé à regarder les annonces de volontariat. Lorsque je suis tombée sur celle de BiblioWorks, ça a été le coup de foudre, ça me correspondait totalement ! J’ai donc économisé pour pouvoir rester au moins six mois là-bas, car je voulais que ce soit une expérience signifiante autant pour moi que pour l’association.
Pourquoi as-tu décidé de faire du volontariat pendant ton séjour à l’étranger ?
Je suis partie à l’étranger pour mon volontariat. En partant j’avais plus envie de découvrir un autre pays, une autre culture de près, que de voyager en mode « backpack ». C’était aussi une manière de me rassurer, car c’est mon premier départ aussi loin, aussi longtemps et avoir une activité prévue, une « mission » m’a permis de partir sereine.
Après 4 ans dans la fonction publique bordelaise. Je voulais savoir ce que je voulais, me confronter un peu et aussi mettre à profit mes expériences acquises professionnellement. Car c’est un domaine qui me plait. Je voulais améliorer ma pratique des langues et m’immerger dans un autre pays. Honnêtement, je crois que lorsque je suis tombée sur l’annonce de BiblioWorks, je regardais les volontariats à l’étranger comme un rêve lointain, une idée pour me rassurer en attendant de trouver un autre poste en bibliothèque. Mais cette annonce a tout changé et pour ne pas me défiler j’ai très vite commencé à en parler sur tous les toits, j’avais peur de me dégonfler sinon. Mais le fait que les autres soient au courant me mettait face à mon défi.
Est-ce que tu peux nous parler du lieu de ton volontariat ?
Mon volontariat se passe à Sucre, en Bolivie. On l’appelle aussi la ville blanche, car le centre historique est d’une architecture coloniale. C’est une ville pas trop grande, assez touristique, bourgeoise et conservatrice. En fait c’est le Bordeaux de Bolivie (blague, hein, je ne veux vexer personne ni ici ni là-bas)! Ici tout le monde parle le castillan principalement. Il n’y a pas d’accent fort comme au Chili ou en Argentine, mais bien sûr certains termes ou tics de langage propres à la Bolivie et/ou à la région.
L’association BiblioWorks a ses bureaux à Sucre, mais seulement 2 bibliothèques y sont implantées. Les 13 autres bibliothèques dont elle s’occupe sont dans des villages du département (Chuquisaca) ; de 45min à 8 heures de route de Sucre. Chaque site est donc différent, mais pour ceux que ça intéresse je pourrais vous faire passer les documents de la fondation présentant chaque bibliothèque et village.
Où se trouve ton volontariat ?
J’étais donc sur Sucre pour travailler en matinées au bureau de l’association, mais généralement les volontaires vivent dans l’une des villes où sont implantées les bibliothèques et travaillent seulement l’après-midi. Si besoin, ou intérêt j’ai d’autres contacts de logements de ce type à Sucre !
Comment peut-on y accéder ?
Encore une fois, cela s’applique au volontariat à Sucre même. Dans tous les cas, une coordinatrice des bibliothèques accompagne le volontaire la première fois afin de présenter le volontaire au bibliothécaire sur place et de se mettre d’accord avec chacun sur les termes et missions du volontariat.
Pour arriver à Sucre j’ai pris un vol Santa Cruz/Sucre, car il n’y a pas d’aéroport international. Le trajet peut aussi se faire en bus (~15h). Depuis La Paz se sont 12h de bus, l’un comme l’autre autour de 20 euros. Une fois à Sucre pour aller à la bibliothèque de Barrio japon, où je me rends tous les après-midi, je prends un micro (bus de ville) depuis le marché central jusqu’à Barrio Japon (lignes K – C – 7) à 1,5bs (soit 0,20cts), cela prend environ 20 minutes. Il est aussi possible de prendre un taxi pour 5bs (0,65 cts).
Quelle a été la durée de ton volontariat ?
9 mois entre septembre 2018 et juin 2019
Quelles activités as-tu réalisées ?
- Coordination des volontaires : recrutement, suivi et accompagnement des volontaires. Gestion des réseaux sociaux, aide sur application bourses/financements, traductions des documents, amélioration des partenariats et visibilité, etc. Il s’agit surtout de travail de bureau face à l’ordinateur, mais c’est nécessaire à la survie et la continuité des actions de l’asso.
- Ouverture de la bibliothèque de Barrio Japon : aide aux devoirs principalement, gestion du fonds, activités diverses : activités manuelles, jeux sur le terrain de sport à côté, débats, ateliers contes, etc. Cela dépend des savoirs faire et idées de chacun.
- Suivi de certains projets : Rencontres avec les mairies, visites des bibliothèques municipales… Ce sont des moments très intéressants pour comprendre le fonctionnement d’une association en Bolivie. Mais aussi pour découvrir la région puisqu’il faut voyager dans les communautés où sont implantées les bibliothèques.
- Événements ponctuels de promotion : animer le stand de l’association lors d’anniversaire ou de foires à Sucre et dans les communautés, animations éphémères de lecture à Sucre, etc.

Un conteur à la bibliothèque de Barrio Japon
Comment se déroulait une journée de travail ?
Le matin je vais au bureau de l’association entre ~9h et 13h puis l’après-midi je vais à la bibliothèque qui ouvre de 14h30 à 17h30. Cela dit, c’est assez aménageable, car les filles du bureau ont bien conscience qu’il s’agit d’un volontariat. Par exemple depuis le mois de septembre, j’ai pu prendre 3 semaines de vacances lors des fêtes de fin d’années et là très récemment, deux semaines pour voyager. C’est également aménageable selon les volontaires présents, par exemple s’il y a plusieurs volontaires sur la bibliothèque et beaucoup de travail au bureau je vais faire des journées complètes au bureau, ou inversement.

Un instant à la bibliothèque de Yamparaez
En dehors de cette mission particulière, il est demandé aux volontaires un engagement de 20h semaine à établir en fonction du projet et des horaires d’ouvertures de la bibliothèque (ce peut être 4 après-midi par semaine, ou 3 jours complets.)
Quels ont été les échanges avec l’hôte ?
Pour cette question, je vais diviser ma réponse en 3 “catégories de personnes”.
- Les employés de la fondation BiblioWorks : 3 femmes boliviennes qui s’occupent de la supervision des 15 bibliothèques et leurs projets. J’étais avec elles tous les matins au bureau et nous partons régulièrement en voyage dans les villages pour visiter les bibliothèques, proposer des formations, signer des conventions, etc. Nous passons donc pas mal de temps ensemble et c’est toujours dans une bonne ambiance avec beaucoup de bienveillance. Les voyages dans les communautés sont aussi des occasions d’échanger un peu différemment des heures de bureau et de profiter ensemble des aspects touristiques de chaque lieu, ce qui est très agréable ! Par exemple, une des bibliothèques est situé dans un village viticole, après notre rendez-vous à la mairie nous en avons profité pour faire une dégustation de vins locaux.
- Les bibliothécaires : Ceux-ci sont employés par les municipalités. Je travaille surtout avec eux quotidiennement, avec celui de Sucre, et nous nous entendons très bien. Les Boliviens ont une certaine réserve et l’amitié homme-femme n’est pas très naturelle donc jusqu’ici nous ne nous sommes jamais vus en dehors de ce temps de travail commun, mais les trajets de bus sont l’occasion d’échanger de manière plus informelle sur la culture, la politique, le tourisme, les enfants, bref tout et rien. J’ai également eu l’occasion de passer du temps avec une des bibliothécaires d’une communauté qui m’a accueilli au sein de sa famille le plus chaleureusement du monde, m’a fait découvrir sa vie, son village, ses coutumes. C’était génial et j’aurais aimé pouvoir rester plus longtemps.
- Le propriétaire de la maison ou je vis. La maison possède 5 chambres, et ce sont surtout des touristes à la semaine qui les louent. En plus de moi, il y a un homme de La Paz qui y vit pour plusieurs mois. Le propriétaire Javier, n’y vit pas, mais vient tous les jours et propose plus ou moins régulièrement des apéros lorsque la maison est pleine ! Ce sont toujours de chouettes moments de partage. Il est également très disponible pour aider dans la découverte touristique des alentours de Sucre et se propose volontiers de nous emmener d’un point à un autre selon les besoins.
Je souhaitais citer toutes ces personnes, car elles m’accueillent et m’accompagnent chaque jour à leur manière !
Combien y avait-il de volontaires ?
Comme je suis là depuis plus de 6 mois, cela est variable. Beaucoup de volontaires restent de 1 à 4 mois. Par exemple, il y a eu une période ou nous étions 4 volontaires (Maria, Espagnole de 50 ans, Ana une Canadienne de 35 ans, Anna une Française de 25 ans) en même temps, aux alentours de Sucre et nous avons pu en profiter pour faire plusieurs excursions ensemble, comme aller au fameux Carnaval d’Oruro ! Comme il y a 15 bibliothèques, le nombre de volontaires n’est pas limité. Ou éventuellement sur Sucre s’il y a déjà 2 ou 3 volontaires.
Chacun est bienvenu, il n’y a pas de limite d’âge ou de nationalité et on accueille également avec plaisir les couples et groupes d’amis !
Comment peut-on découvrir les environs ?
Bien que peu connues, il y a pas mal d’excursions qui peuvent se faire sur un week-end autour de Sucre. Les plus touristiques sont, les 7 cascades, le cratère de Maragua, le parc crétacique, le village de Yotala, le marché de Tarabuco. Pour toutes ces visites, des agences proposent des tours, on trouve également bons nombre de blogs qui proposent des solutions pour les visiter en autonomie. Certaines agences, proposent également des tours moins connus ou des excursions un peu plus originales à des prix raisonnables et qui peuvent se faire en un ou deux jours.

Vue panoramique de la ville de Sucre depuis La Recoleta
Quelles sont les conditions d’hébergement ?
Cela dépend de chacun et aussi de la localisation de la bibliothèque. La fondation ne finance pas le logement, mais aide le volontaire dans sa recherche afin de trouver quelque chose qui convienne à son budget et son confort.
Pour ma part, je suis donc dans une maison de vacances, le propriétaire n’y vit pas, mais passe tous les jours s’assurer du bon fonctionnement de la maison (fourniture de papier toilette, liquide vaisselle, draps propres, bidons d’eau potable, bouteilles de gaz, etc.). Personnellement j’ai la plus petite chambre avec salle de bain et cuisine partagée. Mais d’autres options sont possibles. Le Wifi est compris, il y a deux patios et c’est en plein centre, à deux pas du parc Bolivar. C’est un peu cher par rapport au prix des locations locales, je paie 1000 bs par mois (environ 130€). Mais considérant le confort et les services, cela me convient parfaitement !
Comment se passent les repas ?
Généralement les repas se prennent en autonomie. Afin de ne pas trop dépenser, mais aussi pour varier mon alimentation, je prépare souvent mes repas (et puis j’aime cuisiner!).
Je n’ai pas de régime alimentaire spécifique, mais il me semble qu’être végétarien en Bolivie n’est pas toujours très simple (je vous laisse imaginer pour les végans) ! Surtout dans les villages ou le plat de base est du poulet (à la broche, ou frit) avec du riz et des patates. Riz et patates sont l’accompagnement de la majorité des plats. Bien sûr il y a certaines spécialités qui changent un peu, mais il est vrai que dans les restaurants pour locaux la nourriture peut sembler un peu monotone avec le temps.
Un plat qui me plait particulièrement est le Charquekan, c’est une spécialité d’Oruro compose de gros grains de maïs blanc (choclo) avec un œuf, des pommes de terre, du fromage et de la viande de lama séchée effilochée !
Y a-t-il internet ?
Oui à Sucre, que ce soit dans la maison ou au bureau de l’association il y a un bon Wifi. La couverture 4G est bonne dans la ville avec n’importe quel opérateur.
Pour les villages, le wifi n’est pas très commun, mais il y a généralement un point cyber café, sinon l’opérateur Entel couvre bien en 3G/4G les communautés alentours.
Qu’as-tu pensé de ton volontariat ?
Le point fort de cette expérience
Je n’ai pas de recul sur tout cela y étant encore, mais il me semble que toute l’expérience est un point fort !
Je suis sincèrement convaincue des actions de la fondation et heureuse de pouvoir aider à mon échelle. Je m’attache aux enfants de la bibliothèque, et l’idée que la fin approche me serre le cœur. Pouvoir les aider au quotidien, les voir évoluer dans leur manière d’être ou de faire leur devoir, c’est quelque chose de génial… Je manque de mots pour le décrire malheureusement…
Je suis touchée par les Boliviens, leur manière d’être, leurs codes sociaux, leur bienveillance et leur ouverture derrière une réserve de prime abord. Je m’émerveille encore de la culture qui jongle avec un folklore traditionnel très présent et un développement moderne lié à la mondialisation. Je continue de m’émerveiller également des paysages, des ciels, des couleurs !
Le point faible de cette expérience
C’est une chose dont je me doutais avant d’arriver, mais il est vrai qu’il faut avoir l’esprit d’initiative et ne pas avoir peur d’avancer sans trop de supervision. En effet, les employés au bureau sont, elles-mêmes débordées et si elles répondent toujours présent aux besoins et questions des volontaires, il ne faut pas attendre de plan de travail trop défini.
Le manque de moyen peut également être parfois difficile à gérer (assez peu de matériels, livres vieillots ou de mauvaise facture…). Personnellement, je me sens parfois impuissante malgré mon engagement et le temps passé, ce qui peut me frustrer. Mais il me semble que cela parle surtout de moi !
Qu’est-ce que tu retiens ?
Je retiens les rencontres, les découvertes, tout ce que peut apporter le choix de vivre à l’étranger pour quelque temps. Si je pouvais donner un conseil, c’est n’ayez pas peur d’aller faire un volontariat dans un village ! Il y a tout le confort de base nécessaire, des petites épiceries pour les courses, des petits restaurants, de quoi faire des excursions, etc. Et en plus vous serez vraiment impliqués dans la vie d’une communauté. C’est ce que je changerais si je le pouvais, ne pas rester à Sucre tout du long, aller dans un village et proposer des projets culturels en lien avec la population.
Contact
Pour le volontariat, il faut contacter l’association BiblioWorks.org, vous pouvez jeter un œil à la page Facebook.
L’adresse mail de la bibliothèque dans laquelle j’ai travaillé : biblioworks.sucre.bolivia@gmail.com – (+591) 72874103. La directrice s’appelle Olivia Padilla et est très accessible !
Nous remercions chaleureusement Louise qui a pris le temps de répondre à nos questions alors qu’elle se trouve actuellement à la fin de sa mission en tant que bénévole. Elle partage également son quotidien sur son blog, son projet initial autour des contes oraux et les diverses péripéties de la vie associative.
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