Retour d’expérience en Service volontaire en Slovaquie


Maëlys nous parle de sa énième expérience à l’étranger, elle a choisi cette fois-ci, de vivre une année en Slovaquie. C’est en devenant volontaire au sein du programme Service Volontaire Européen (le Corps européen de solidarité), qu’elle part dans un petit village slovaque nommé Jelsava. Sa mission principale : aider un centre associatif dans ses activités extrascolaires. Elle nous dévoile son parcours, ses coups de cœur pour la région et ses difficultés lors de sa mission de volontariat.

Est-ce que tu peux te présenter ? 

Hautes Tatras Poprad Volontaire

Je suis partie via le Service Volontaire Européen (désormais Corps européen de solidarité). Je me suis renseignée auprès d’une structure d’envoi à Strasbourg, où j’étais étudiante. Il s’agit de Visa AD. J’ai dû remplir un dossier de candidature et passer un entretien avec eux.

Ensuite, ils m’ont proposé trois volontariats et j’ai choisi le projet en Slovaquie auprès des enfants d’une Communauté Rom. Mon choix s’est porté sur ce projet, car j’avais eu l’occasion de visiter l’Europe centrale auparavant et ça m’avait plu. J’avais aussi envie de découvrir une nouvelle culture et d’apprendre une nouvelle langue. J’avais déjà effectué plusieurs séjours au pair donc j’avais de l’expérience auprès des enfants et j’avais envie de recommencer dans un contexte différent – mes familles au pair étant plutôt des familles aisées alors que ces enfants venaient d’un milieu social très modeste.

J’ai donc envoyé une candidature à l’association slovaque et passé un entretien avec eux (structure coordinatrice). Une fois ma candidature acceptée, j’ai signé le contrat avec ma structure d’envoi, de coordination et d’accueil.

Pourquoi as-tu décidé de faire du volontariat pendant ton séjour à l’étranger ?

Je savais qu’après mes études, je ne voulais pas commencer directement à travailler. J’avais envie de retourner vivre à l’étranger. Je me trouvais trop vieille pour être de nouveau au pair et 6 séjours, c’était déjà pas mal ! J’avais depuis longtemps envie de partir en PVT en Nouvelle-Zélande, mais je ne me sentais pas encore prête à partir à l’autre bout du monde. C’est en cherchant sur internet que j’ai découvert le SVE et j’ai tout de suite été tentée par l’expérience. Comme j’avais déjà vécu dans des pays assez proches de la France, j’avais envie d’aller un peu plus loin et je me suis dit que ce serait encore mieux si je ne maîtrisais pas la langue avant de partir (j’aime me challenger !).

Je n’étais pas partie étudier avec le programme Erasmus et j’étais un peu déçue d’avoir raté cette expérience donc je recherchais un peu cette ambiance multiculturelle (pas l’image party en permanence). En effet, j’étais avec 5 autres volontaires et pendant l’année, des séminaires étaient organisés pour qu’on rencontre les volontaires de notre pays d’accueil.

 Est-ce que tu peux nous parler du lieu de ton volontariat ?

Mon volontariat se trouvait à Jelsava, un petit village à deux heures de Kosice (deuxième plus grande ville du pays) dans la région de Banska Bystrica. À côté se trouve une mine de magnésium qui faisait autrefois la richesse de la région et créait de l’emploi. La mine est toujours active, mais elle s’est modernisée. La majorité des habitants du village vit désormais d’aides sociales. La population se compose d’une majorité Rom qui comme dans la plupart des villes slovaques vit regroupée. Le poids de leurs coutumes reste encore assez fort.

Jelsava

Le centre associatif où j’étais volontaire se trouvait dans le « quartier Rom » du village, même s’il était ouvert à tous. Il a été créé en 2011 et propose aux jeunes des activités l’après-midi (en Slovaquie, l’école se termine en début d’après-midi) telles que le chant, la danse, le théâtre, le sport, le bricolage, la cuisine … Deux personnes gèrent quotidiennement le centre, Miro s’occupe de l’administratif tandis que Sona est présente aux activités.

Où se trouve ton volontariat ?

Jelsava, Banska Bystrica, Slovaquie

Comment peut-on y accéder ?

Depuis Bratislava, on peut prendre un bus ou un train jusqu’à Banska Bystrica puis un autre pour Revuca et un dernier pour Jelsava. Il faut compter 15 € et 6H de trajet. Il y a parfois des bus directs Bratislava – Jelsava (je recommande le site cp.sk pour voyager en Slovaquie – dispo en anglais et en allemand).

Quelle a été la durée de ton volontariat ?

Mon SVE a duré un an. Il est possible de faire des projets courts de deux semaines à deux mois ou longs de neuf mois à un an.

 Quelles activités as-tu réalisées ?

Ma mission principale était d’organiser des activités extra scolaires comme la danse, le chant, le théâtre, le sport, le bricolage, la cuisine … Pour certaines activités, nous étions là pour aider les volontaires locaux (chant, danse, étude biblique, aide aux devoirs …) tandis que pour d’autres, nous devions la préparer et la gérer avec l’aide des volontaires locaux (foot, bricolage …). Le vendredi soir, nous offrions une alternative au bar et proposions un lieu où grignoter tout en jouant à des jeux. C’était réservé aux plus de 14 ans et ce n’était pas vraiment une partie de plaisir pour les volontaires européens, car les jeunes/les adultes nous manquaient parfois de respect pensant qu’on ne comprenait pas leur langue.

Volotaires En Slovaquie

Nous étions aussi libres et encouragés dans l’organisation d’autres activités comme la semaine des 5 sens, des Olympiades, des sorties, des fêtes … J’ai aussi participé à la création d’un site web pour le centre et rédigé un guide pour les futurs volontaires. À côté de ma mission principale, j’ai eu l’occasion d’assister les profs d’allemand du lycée de la ville voisine où avec la volontaire allemande nous leur faisions découvrir notre culture dans le but de les faire converser en allemand. De même, j’ai aidé une instit d’anglais avec un autre volontaire à monter deux pièces de théâtre en anglais. J’ai adoré que mes missions soient diversifiées et me permettent de rencontrer différents publics.

 Comment se déroulait une journée de travail ?

Le lundi et le mardi matin, j’allais au lycée de la ville voisine avec la volontaire allemande pour aider les profs d’allemand. Le lundi midi, nous avions un cours de slovaque avec la prof d’anglais. Le mardi et le jeudi midi, avec un autre volontaire, j’aidais la prof d’anglais à monter deux pièces de théâtre avec ses élèves. Tous les jeudis matin, nous avions une réunion avec notre supérieur.

Le mardi, jeudi et vendredi après-midi, j’aidais ou j’organisais l’activité avec les autres volontaires. Je faisais 30h par semaine en incluant le temps de préparation et j’avais tous mes WE de libre ainsi que deux jours par mois que je prenais à ma guise.

Nous avons également eu 10 jours de congés à Noël (ce qui a permis à 4 des volontaires de rentrer chez eux tandis que mon copain et moi avons préféré passer Noël à Vienne) et quelques jours à Pâques.

 Quels ont été les échanges avec l’hôte ?

Les volontaires locaux, nos tuteurs et Miro nous ont régulièrement invités chez eux et nous avons aussi organisé des fêtes au centre entre nous, l’occasion de partager un moment convivial et d’échanger. Pendant nos réunions hebdomadaires, c’était aussi l’occasion de poser des questions sur la vie locale et la culture Rom. Les deux séminaires, à l’arrivée et à mi-chemin du volontariat, nous ont aussi permis d’en apprendre davantage sur le pays.

Comme nous étions 6 volontaires européens dans un petit village, il n’y avait pas beaucoup à faire et nous restions beaucoup entre nous au début puis des groupes se sont formés et des amitiés avec les volontaires d’autres villes également ce qui fait que nous n’avons pas forcément créé des liens forts avec les locaux en dehors du centre – notamment à cause de la langue.

 Combien y avait-il de volontaires ?

Nous étions 6, une Allemande, une Espagnole, un Islandais, deux Français et moi. Tous avaient autour de la vingtaine. L’Allemande et l’Islandais sont restés 9 mois tandis que les quatre autres dont moi, un an. Nous étions la huitième génération de volontaires et la deuxième à 6. Nous avions deux apparts, mais passions la majorité du temps dans celui des « filles ».

 Comment peut-on découvrir les environs ?

En Slovaquie, je me déplaçais en bus et parfois en train ou en stop. Il faut être patient, mais on peut aller quasiment partout. J’habite proche de Nantes donc les montagnes, ce n’était pas mon environnement naturel. J’étais ravie d’y avoir facilement accès ! J’ai adoré les Hautes Tatras, le Paradis slovaque et les sources d’eau chaude. Les villes m’ont un peu moins marquée même si j’aimais beaucoup les grandes places avec les façades colorées et la cathédrale au centre (assez typique dans l’Est du pays).

Benatina Frontière Ukranienne

Benatina, frontière ukranienne

J’ai également pu retourner en Autriche voir ma famille au pair et une amie, revisiter Budapest et Prague. J’ai d’ailleurs retrouvé des volontaires pendant le Nouvel An dans la capitale tchèque. Ma famille m’a rejointe pour découvrir le Sud de la Pologne. Ensuite, j’ai visité une partie de la Roumanie en solo.

Pour les longs trajets, je recommande les compagnies de bus Flixbus ou Regiojet. La Slovaquie est au cœur de l’Europe et est frontalière avec de nombreux pays. C’est une destination facilement accessible en transport en commun. Le niveau de vie est moins élevé qu’en France donc les 235€ que je recevais par mois me permettaient de voyager même en dehors du pays.

Toutefois, Prague et Budapest restent des capitales donc les prix y sont plus élevés et l’Autriche aurait été inaccessible avec cette somme si je n’avais pas eu des contacts sur place. C’est ici que le réseau des volontaires peut entrer en jeu, c’est un bon moyen pour voyager et faire des rencontres. Nous étions libres de recevoir du monde dans notre appart, c’est pourquoi nous avons également reçu quelques volontaires à Jelsava durant l’année.

Quelles sont les conditions d’hébergement ?

Je vivais initialement avec les deux autres filles volontaires dans un appartement, puis je suis sortie avec un des deux Français et il est venu vivre avec nous. Elles partageaient une chambre et nous avions la nôtre. Nous avions une salle de bain avec douche et machine à laver et WC séparés, une cuisine et un salon. On avait l’essentiel pour vivre et nous pouvions faire appel à Miro en cas de besoin.

Il fallait parfois être patient par exemple avec le chauffage de la cuisine. Faut avouer que c’est ma faute, je me suis assise dessus le premier jour et l’ai cassé – il a fallu plusieurs semaines avant qu’il soit réparé or les températures ont vite chuté !

Le plus dérangeant se trouvait en face de nos fenêtres : un haut-parleur qui annonçait les nouvelles du village et diffusait parfois, de bonne heure et pendant toute la matinée, de la musique !

Comment se passent les repas ?

Je prenais tous mes repas à l’appart. Je préparais moi-même mes repas le matin et le midi et on cuisinait un soir par semaine pour tout le monde (comme nous passions la soirée du vendredi au centre, chacun se débrouillait). Pour un petit village, nous avions beaucoup de supérettes (il s’agit parfois d’une pièce d’une maison) où on trouvait les aliments de base et nous pouvions aller dans la ville d’à côté pour trouver l’équivalent de nos supermarchés (Lidl, Tesco, Billa), histoire de varier un peu l’alimentation.

Nous étions trois végétariens et ça n’a pas du tout été un problème. En spécialité, j’ai découvert le coca slovaque/tchèque : Kofola, que je n’ai pas adopté, car j’ai trouvé qu’il avait un goût de médicament. J’ai bien aimé leur fromage frit par contre. J’étais toujours étonnée par le peu de choix de desserts au restau, mais à côté, ils ont des pâtisseries/salons de thé avec un large choix.

Y a-t-il internet ?

Nous avions une connexion internet correcte. Avec la fin des frais d’itinérance dans l’UE, j’ai pu utiliser mon forfait français pendant un an sans problème.

Qu’as-tu pensé de ton volontariat ?

Le point fort de cette expérience

J’ai beaucoup aimé l’autonomie que j’avais pendant mon volontariat. Certes, j’avais un emploi du temps à respecter, mais nous avions quand même de la liberté dans les activités et notre boss n’hésitait pas à nous confier des responsabilités, ce qui était pour moi une marque de confiance.

Vivre un an dans un pays étranger m’a conforté dans l’idée que j’aimais l’expatriation. Au bout de quelques semaines, je me suis sentie chez moi dans ce petit village et j’ai adoré découvrir le pays tout au long de l’année. Je n’avais jamais été confrontée à la misère sociale et cette année m’a fait prendre du recul sur ma vie et je me suis rendue compte de la chance que j’avais de n’avoir jamais manqué de rien dans ma vie, d’avoir eu une éducation et d’avoir une famille et des amis qui m’aiment et respectent mes choix.

L’hiver a été très long et très froid, mais j’ai adoré voir les montagnes enneigées et marcher sur des lacs et des rivières gelé(e)s. Ce volontariat m’a aussi permis de faire la plus belle des rencontres. J’étais partie en me disait que cette année serait centrée sur moi, que je tenterai des expériences pour sortir de ma zone de confort et finalement, très rapidement je suis tombée amoureuse et il a rendu cette expérience encore plus merveilleuse.

Les volontaires européens doivent collaborer avec les volontaires locaux et la barrière de la langue ainsi que les différentes personnalités et expériences posaient parfois des problèmes. Notre référant sur place était Miro que nous voyions régulièrement et avec qui nous avions une réunion hebdomadaire pour parler organisation et éventuellement de nos problèmes. Personnellement, j’ai trouvé qu’on était très bien entourés, car en plus de Miro, nous avions un tuteur ou une tutrice vers qui nous pouvions nous tourner en cas de problème et en France, nous étions suivis par notre organisme d’envoi, mais à part quelques rapports tout au long de l’année, je n’ai eu que peu de contact avec eux.

Le point faible de cette expérience

C’était la première fois que je me retrouvais à travailler en équipe et ça a été un sacré challenge pour moi, d’autant que mes collègues étaient aussi mes colocs donc on passait beaucoup de temps ensemble et il fallait bien distinguer le travail du personnel. En plus de devoir travailler avec les autres volontaires européens, il y avait sur place des volontaires locaux avec qui c’était difficile de communiquer à cause de la barrière linguistique.

De même, ils y avait des volontaires qui connaissaient des enfants depuis des années tandis que les volontaires européens changeaient tous les ans. Nous n’avions pas les mêmes façons de faire et les premières semaines ont été tournées vers l’observation, mais ça ne me suffisait pas, je voulais être plus présente dans l’organisation de la vie du centre.

Avec d’autres volontaires, nous avons préparé une liste avec quelques changements que nous voulions apporter dans les activités. C’était principalement des changements liés à l’organisation qui n’était pas toujours efficace, mais aussi une tentative de mettre à profit nos compétences et de faire découvrir notre culture. Je trouvais que c’était dommage de faire appel à des jeunes Européens et de ne pas échanger sur notre langue, notre culture. Au final, je n’ai pas pu mettre ça en place au centre, mais j’ai eu l’occasion de parler du français et de la France pendant les cours d’allemand auprès des lycéens et lors de la journée européenne des langues auprès des élèves du primaire.

Qu’est-ce que tu retiens ?

Mon conseil pour tous ceux qui souhaitent faire un volontariat européen (Corps européen de solidarité), c’est de bien choisir le projet plutôt que le pays. Il faut également bien se renseigner sur le lieu du projet. Si vous aimez sortir, un village isolé ne vous conviendra probablement pas.

Je ne regrette pas d’être partie un an, car j’ai pu découvrir toutes les saisons et organiser différentes activités tout au long de l’année et pendant les vacances scolaires. Une fois l’attrait de la nouveauté retombée, au bout de deux mois, et avec l’arrivée de l’hiver et des températures négatives, la motivation est un peu redescendue. Les vacances de Noël ont permis de faire une pause, de voir autre chose et de revenir en forme. L’hiver a été le plus long et le plus froid de toute ma vie, mais j’ai eu la chance de me baigner dans des sources d’eau chaude, de marcher sur une rivière gelée et de me balader dans des montagnes enneigées. L’arrivée des beaux jours nous a permis de faire des activités dehors comme des olympiades ou une chasse au trésor et pendant l’été, les activités hebdomadaires ont été modifiées pour permettre d’organiser quelques sorties avec les enfants.

Si c’était à refaire, je crois que je mettrais encore plus de volonté pour que notre travail d’équipe soit performant ou alors je prendrais plus d’initiative même si je suis la seule intéressée. C’est vraiment l’opportunité de se tester, de monter des projets … alors il ne faut pas hésiter à le faire. Peut-être qu’en commençant seule, les autres auraient pris le train en marche !

 Contact

Vous pouvez contacter le centre via la Page facebook YMCA Revuca

 

Merci à Maelys qui nous a fait découvrir le Service Volontaire Européen (le Corps européen de solidarité) et son quotidien en Slovaquie. Vous pouvez en lire plus concernant ses expériences à l’étranger et sa vie en tant que volontaire en Slovaquie sur son blog Sac à dos et Carte en main. Bonne continuation et Ďakujem pour ce retour d’expérience ultra-complet !

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L’idée est d’éclairer les voyageurs qui souhaitent s’investir dans le volontariat à travers les témoignages d’autres voyageurs : Comment ça se passe un volontariat ? Quelles sont les activités que l’on peut être amenés à réaliser ?  Quels sont les réels échanges entre les hôtes et les volontaires ? Bien sûr, cet avis est propre à celui de son auteur. Le vôtre sera sûrement différent. Vous pouvez retrouver toutes nos expériences de volontariats et celles des voyageurs dans la rubrique « Volontariat ».

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