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Le chemin de l’Inca est un réseau de sentiers de plus de 20 000km à travers l’Amérique du Sud. Sa route principale s’étend de Quito en Équateur à Santiago au Chili, soit plus de 6 000 km. Le nom officiel de ce chemin est en fait « Qhapaq Ñan » ce qui signifie « Chemin Royal » en Quechua. Il est plus particulièrement connu pour sa partie péruvienne avec le trekking qui mène au Machu Picchu. Pourtant, la portion de ce chemin qui se poursuit en Argentine vaut tout autant le détour ! Ça n’a pas été sans peine, mais on y est parvenu, on l’a vécu et ça valait le coup !
Le Chemin de l’Inca en Argentine
Tout d’abord, il faut savoir que seules quelques portions du chemin de l’Inca subsistent aujourd’hui. De nombreuses portions de ce sentier ont été soit recouvertes par la végétation, soit détruites par l’activité humaine. Heureusement, depuis 2014, le «Qhapaq Ñan » a été inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO et est aujourd’hui mieux protégé.
Nous avons appris qu’il était possible de marcher sur cette partie du chemin grâce à notre hôte Wwoofing de Juella dans la Quebrada de Humahuaca. Il connaissait très bien le Nord-Ouest Argentin (NOA) et a été de bon conseil. Au détour d’une conversation, nous lui avons dit que nous souhaitions aller au Parc National Calilegua, mais que nous ne savions encore comment y aller. Il s’avère qu’il y a 3 options depuis la Quebrada de Humahuaca.
– La première et la plus facile est de prendre le bus pour la capitale Jujuy, puis d’aller dans la ville de Libertador General San Martin. De là, des remises (sorte de taxi à tarif fixe) peuvent emmener les touristes jusqu’au parc National.
– Deuxième option, la plus longue : on peut partir de Tilcara pour aller jusqu’à San Francisco (un village de la province de Jujuy, pas la ville Américaine). Il s’agit d’un trekking de 5 jours. La distance est d’environ 100 km et il y a beaucoup de dénivelé, positif comme négatif.
– Troisième option, celle que nous avons choisie : partir de Humahuaca, grimper en transport jusqu’au village de Santa Ana, parcourir le chemin de l’Inca qui mène à Valle Colorado et aller jusqu’au parc de Calilegua en transport.
Après avoir fini notre volontariat dans la Quebrada de Humahuaca, nous partons pour Humahuaca en bus. Une fois arrivés, nous demandons aux guichets du terminal pour connaître les horaires de bus allant jusqu’à Santa Ana. Ça commence bien, aucun bus ne se rend à Santa Ana. On ne se laisse pas abattre, on va demander plus d’information à l’office de tourisme. Ils nous confirment qu’aucun bus ne va jusqu’au village de Santa Ana. Cependant, un minibus d’une dizaine de places s’y rend de nuit 3 fois par semaine (voir nos conseils pratiques). Évidemment, ce n’est pas pour aujourd’hui. Un peu déçus, mais on ne lâche rien et on tente de faire du stop. On se positionne donc à la sortie du village de Humahuaca, vers la seule route qui va en direction de Santa Ana. On se fabrique une petite pancarte « Santa Ana » avec un joli soleil et on attend. Il y a assez peu de véhicules qui passent et la plupart sont des touristes qui se rendent à l’Hornocal, la fameuse montagne des 14 couleurs. On patiente, on patiente, un camion arrive, se gare juste en face de nous et nous cache complètement des autres conducteurs. Un peu déçus de perdre ce bon spot ombragé, on se positionne un peu plus loin en plein soleil. Après plus de 3h d’attente, on commence à désespérer et se dire que c’est finalement plus compliqué que prévu. C’est là que le miracle se produit ! Deux types sortent d’un restaurant, regardent notre pancarte et disent : « Santa Ana ? Vamos ! ». Pendant un instant, on n’y croit pas, mais ces types en questions sont en fait les conducteurs du camion qui a ruiné notre spot d’auto-stoppeur 🙂
De Humahuaca a Santa Ana
On rencontre alors Guillermo et Nelson, deux collègues qui vont livrer du ciment, des graviers et du pain (oui oui) à un village proche de Santa Ana pour la construction d’une école. On prend place à l’arrière de la cabine du camion pour plus de 6h de route. La route commence comme si on allait voir la montagne des 14 couleurs, puis on bifurque et on découvre la face cachée de l’Hornocal. C’est moins impressionnant que depuis le point de vue, mais c’est un superbe spectacle quand même.
La route continue à travers des petits villages de montagne. Hé oui, on est quand même à plus de 4000m d’altitude et nos amis camionneurs ne lésinent pas sur la coca. On a d’ailleurs parfois un peu de mal à comprendre ce qu’ils disent tellement leur joue est déformée par la coca. On passe un col extrêmement venteux et glacial et on découvre la vallée de l’autre côté de la montagne. Une mer de nuages en contrebas nous rappelle qu’on est sur une chaîne de montagnes qui culmine à plus de 4700m.
Le trajet se passe sans encombre, juste quelques pauses pour enlever de la route des cailloux pointus arrivés là à cause des rafales de vent. On passe dans des virages en lacets et on se dit qu’heureusement on n’a pas le vertige. Avec la hauteur de la cabine du camion, on ne voit plus la route pendant de très longues secondes et on distingue le fond du canyon à plusieurs centaines de mètres en contrebas. Pendant ces virages en lacet, on a la chance d’apercevoir des condors et des cerfs andins (appelés aussi tarucas). D’après nos compagnons de route, on a vraiment de la chance car ils font souvent ce trajet et n’en avaient encore jamais vu ici. Finalement, ce n’est pas plus mal que nous ayons pu faire du stop en journée, ça nous a permis de voir les superbes paysages. Avec le bus de nuit, nous n’aurions pas vu grand-chose.
On accompagne nos camionneurs de l’extrême jusqu’au village où ils doivent livrer leur cargaison. Puis ils nous emmènent directement dans le village de Santa Ana en faisant un petit détour rien que pour nous après 9 heures de route. Décidément, on a vraiment de la chance 🙂 On arrive de nuit alors nous n’avons pas de photos, mais le village de Santa Ana pour le coup, est bien plus préservé que les villages de la Quebrada de Humahuaca. On se demande d’ailleurs de quoi vivent les gens ici. Il y a bien l’hosteria dans laquelle on ira dormir et un kiosko, mais les touristes ne sont pas légion ici. Bref, on se présente à la propriétaire de la seule hosteria du village qui semblait étonnée de voir des backpackers arriver. On comprend que les visiteurs arrivent généralement avec un guide et une réservation ou bien avec le bus qui doit venir 3 fois par semaine. On rencontre d’ailleurs un guide avec un couple de touristes, ce sont les seuls autres clients ce soir. On ne le sait pas encore, mais on sera amenés à se revoir quelques fois.
À l’assaut du chemin de l’Inca depuis Santa Ana
Après une nuit bien reposante, nous nous levons aux aurores, on déjeune à l’hosteria et on va dans le kiosko pour acheter de quoi manger le midi. Le kiosko n’étant pas très fourni, on se contentera de fruits et d’un saucisson. C’est parti pour le trekking ! Au programme : 18km de distance et plus de 1 300m de dénivelé négatif. Tout ça évidemment avec toutes nos affaires. C’est sûrement la première fois qu’on marche autant avec une charge aussi importante, on va voir ce que ça donne.

Juste un peu trop chargé …
Cette partie du chemin de l’Inca commence donc à Santa Ana, à environ 3 300m d’altitude. Heureusement que notre Wwoofing dans la Quebrada de Humahuaca se situait déjà à 3 000m, nous avons pu nous habituer à l’altitude. Le spectacle que nous offre ces montagnes est magnifique, des monts arides où seules quelques touffes d’herbes jaunes parviennent à pousser. Ce type de végétation d’altitude s’appelle ici la « Puna ».
En contrebas du sentier de randonnée, on peut aussi voir une route de terre. Tiens ? On pensait qu’aucune route ne passait par là. On comprendra plus tard que cette route a dû un jour être utilisée, mais il y a eu des éboulements sur plusieurs tronçons et elle n’a jamais été déblayée. Aujourd’hui, seuls les piétons et quelques aventuriers en vélo ou en motocross passent par ce chemin.
Certaines parties du chemin de l’Inca ont été pavées et des escaliers ont été construits pour faciliter le passage. On se trouve un endroit à peu près à mi-chemin pour déguster nos fruits et notre saucisson. On voit passer le guide et le couple de touristes qui étaient à l’hosteria, ils voyagent beaucoup plus légers. On se doute qu’une voiture les attend plus bas avec leurs affaires. On les recroisera plus bas lors de leur pause pique-nique. On se repose un peu les pieds et on repart. À certains moments, le sentier est très large, mais il est aussi parfois très étroit. On se dit d’ailleurs que ça ne doit pas être évident du tout en vélo.

Une portion du chemin de l’Inca très bien conservée
Plus on descend en altitude et plus on voit la végétation changer. On part de la puna aride pour arriver à des forêts humides en passant par des zones pleines de petits arbustes verdoyants.
Retour à la civilisation à Valle Colorado
Enfin, après 18km de descente et les quelques derniers kilomètres bien raides, nous voilà arrivés au village de Valle Colorado. On a les pieds en compote, quelques belles ampoules pour Cécilia et des bleus aux hanches pour moi à cause d’un sac à dos trop lourd et mal réglé. Il est encore tôt, on essaye de prendre le bus pour aller jusqu’au parc Calilegua. Évidemment, il n’y a qu’un bus par jour et il est déjà parti. On pense alors camper dans le coin pour attendre le bus du lendemain, mais soudain, la chance nous sourit à nouveau.
Un 4×4 arrive, on fait du stop, il s’arrête ; ce sont nos amis randonneurs du chemin de l’Inca. On monte à l’arrière du pick-up direction San Francisco, un village un peu plus grand que Valle Colorado sur la route qui mène à Calilegua. Les paysages sur la route sont impressionnants. Les flancs des montagnes sont colorés, on pourrait presque penser qu’elles ont été peintes. On traverse également des forêts humides à la végétation dense et changeante. On pensait camper, mais on va dormir dans l’hébergement le moins cher qu’on trouvera. Finalement, après une telle marche, un peu de confort ne nous fera pas de mal.
Le lendemain matin, on essaye de faire du stop, car le prochain bus passe à 17h, mais en vain. On revoit nos amis randonneurs en voiture, mais ils vont sur une autre route pour voir les termes du rio Jordan. Il s’agit de sources d’eaux chaudes soufrées. On y serait bien allés, mais nos pieds nous font comprendre qu’on va plutôt rester tranquilles aujourd’hui. Finalement, on prend un remis (une sorte de taxi) qui nous emmènera au camping de Calilegua.
La jungle du Parc National Calilegua
On plante la tente, on a l’embarras du choix, seule une autre tente est installée. On va prendre des informations à la maison des gardes-parc et on fait quand même une petite balade avant de rentrer dormir. Après une nuit assez fraîche, on se lève à l’aube pour espérer voir des toucans. Évidemment, ce ne sera pas pour aujourd’hui. On arrive quand même à voir un groupe de singes capucins dans les arbres, quelques oiseaux et un acuti. On a vu également de nombreuses traces de tapir, de raton laveur, de pécari et de biche. On a pu voir aussi une grosse trace de félin, ça pourrait être un puma ou un jaguar, mais vu la faible population de jaguar, il s’agissait plus vraisemblablement d’une trace de puma. Toutes ces traces d’animaux sont facilement visibles le long du cours d’eau qui traverse le parc. Il s’agit d’ailleurs d’un sentier habilité (voir en bas de l’article la carte des sentiers). Cependant, selon le niveau d’eau, ça peut être un vrai parcours du combattant. Prévoyez des chaussettes et chaussures de rechange 🙂 Sinon, les autres sentiers ne sont pas particulièrement compliqués.
Finalement, nous faisons nos affaires et tentons de faire du stop en attendant qu’un éventuel bus arrive. La chance nous sourit encore une fois puisqu’on retrouve nos amis randonneurs avec leur guide. Ils ont l’air épuisés, ils nous emmènent jusqu’à la ville de Libertador General San Martin d’où on prendra un bus pour aller à Salta.
L’Argentine c’est l’un de mes rêves. Je veux y aller depuis super longtemps. Le trek a l’air dur mais les photos et les paysages sont vraiment magnifiques !
Le trek est dur quand on est chargé, mais avec de bonnes chaussures, des bâtons de marche et l’habitude des randonnées, ça se fait bien 🙂
De beaux paysages vus d’en haut avec en prime quelques animaux. J’ai pas eu l’occasion de monter aussi haut. Les calanques de Cassis et le cap canaille c’est déjà bien pour moi.
J’imagine que ça doit être dur avec la chaleur et l’altitude.
merci
Effectivement, ça n’a pas été très facile, mais ça valait largement la peine 🙂
De sublimes photos et plein de conseils pour nous aider à organiser notre trek, merci beaucoup !!!
Salut Valérie,
Merci c’est gentil !
Si tu penses réliser ce trek en Argentine, n’hésites pas à nous faire un retour de ton expérience en commentaire !
Bon voyage !
Salut,
Ce trek donne envie…… on est à Salta et on cherche un woofing pour une petite semaine avant de se lancer dans un trek du coté d’Iruya. J’ai vu que vous aviez été volontaires dans le coin. Pourriez vous nous donner un peu plus d’infos sur ce woofing ainsi que les contacts?
Merci
Nadège et Bertrand
Hello Nadège,
On a justement écrit un article sur ce volontariat
Les infos de contact sont à la fin 😉
Bon voyage !
Merci pour ce site et les bons conseils.
C’est super intéressant.
Je suis fan
Salut Pierre !
Merci pour ton commentaire ! J’espère que tu vas adorer ce trekking, qui est juste une merveille !